Actualités de l'institut d'anthropologie clinique

Jonas Roisin - 25 août 2022

portrait d'oxmo puccino en noir et blanc avec le titre de la rubrique

Du rap à l’iac #2 OXMO PUCCINO

Une publication par mois. Des paroles à lire et à écouter, scandées par mes rappeuses et rappeurs favori.e.s.

Une thématique : l’enfance et son regard sur les appartenances familiales et culturelles qui l’entoure.

Les artistes post modernes que sont les auteurs et autrices de rap nous inspirent depuis quarante ans.

J’aime leurs corpus où s’entrechoquent en poésie le réel raconté et l’enfance remémorée. Adolescents, nous sommes nombreux.ses à y avoir trouvé un style et des paroles denses sur lesquels nous appuyer, en résonnance avec nos tentatives de constructions identitaires plurielles.

L’IAC reste au contact des mutations anthropologiques qui nous affectent en post modernité, tout en accueillant les singularités de nos parcours de vie, rythmés par les attachements, les pertes et les séparations. Le nom John Bowlby sonne d’ailleurs comme un parfait pseudonyme de rappeur.

Cette série de publications est une invitation à l’écoute de l’approche clinique des rappeurs et des rappeuses sur le monde à vivre.

2ème morceau : Le Nombril
Écriture : OXMO PUCCINO

Promis demain j’arrête ma puccinobsession. Mais rapper la vie intra utérine, quand même ! Le nombril comme hublot ouvert sur le monde, sur le Mali, Ségou la grande ville bambara. Lové dans mama lova. Et papa enseignant chromatique qui donne de l’avance ? La famille, les sacrifices et les prédictions. Merci Oxmo. Un morceau qui laisse tant à désirer.

Le Nombril
Oxmo Puccino

74, du siècle dernier

On a tous commencé comme ça
Une rencontre, et soudain se retrouvent deux responsables
Mes futurs parents logent au 43, rue des poissonniers
Bientôt nous seront trois
Très vite les premières nausées
Avec un frère défunt j’suis comme un exaucé
Mental fort, embryon fragile
Calme, les prochains mois seront moins difficiles
Nous ne sommes que des conséquences
Notre passé commence avant la naissance

74, du siècle dernier

J’écoute le monde à travers le nombril de ma mère
Dehors je serai l’incompris
17è semaines mes oreilles formées garderont les balafons sonnés
Sacrifice de poulet, chant céleste
La vieille l’a prédit, je s’rais célèbre
Papa arrivé à 17 ans
Pour l’instant, culturellement distant
Plus tard il m’apprendra les couleurs
Depuis j’suis avant d’être à l’heure
Je suce mon pouce point fermé
C’est la pression d’fils aîné

74, du siècle dernier

Ma mère va rejoindre la famille
D’ici deux ans je remets les pieds à Paris
Du nombril, mon hublot, je vois Ségou
L’aller-retour cause ma carte de séjour
Un gros bébé se sent à l’étroit
Six mois, maman tient plus son dos droit
J’ai plus d’papi, mes oncles et tantes sont presque huit
Tapis rouge mamie
35 degrés à l’ombre des baobabs (yeah)
(yes papa)

74, du siècle dernier

Lien You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=YXRuy7ZMwOE