Bernard Garaut - 26 avril 2024
Les récits multiples entendus, partagés, générés, l’effet sur mon propre chaos de ce Dit tumultueux d’un autre,
la douloureuse beauté de leur langue singulière et le télescopage quasi permanent de nos imaginaires…
Le trouble éprouvé alors …quels recours !
La littérature, dans toutes ses formes et contenus, l’écriture, et surtout la poésie
le sont devenus.
D’abord sans le savoir.
Jusqu’à ce qu’alors je le décide.
Croiser dans un même élan,
les récits de vie,
les temps d’existence partagé-e-s
la poésie,
et l’élaboration avec tous les modes que m offraient tous ces éléments.
Tenter chaque fois de faire de l’inextricable, de l’incompréhensible, une façon
d’Etre ensemble. Là. Dans l’existence.
« …Humaniser la folie,
Désaliéner les lieux de soins… » claironnait François Tosquelles !
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ETRE
Le choix des mots
Maman est partie,
tu l’attends,
tu l’attends encore,
encore et encore…
Ta maman est morte,
tu ne l’attends plus.
Et quand je te dis, je pars
je te dis je reviens.
Tu es rassuré
et ton sourire
me rassure aussi.
C.Y.
assistante familiale.
Souvenez vous ce premier texte de C .Y. qui nous parle de l’accueil de cet enfant
de 6 ans!
Ces jours ci nous parlions ensemble de Dire et de sa nécessité…
B.G.
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Le choix de s’absenter
Déjà quand j’étais petite on me disait
tu fais semblant,
tu laisses rien voir, paraître,
on sait jamais ce que tu penses….
Déjà à cette époque je disais pas la vérité.
Je faisais celle qui savait.
Toute petite j’avais mis une barrière
pour pas qu’on m’emmerde.
S.G.
Vieille dame de 93 ans.
Avec qui je parlais de la nécessité de Dire pour arriver à vivre enfin
tranquillement, ou plutôt, davantage en tranquillité…
B.G.
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Le choix de se taire
-Dis moi, ça t’a contrarié d’avoir des résultats comme çà ?
-Oui un peu.
-Comment ça un peu… tu avais tellement envie
d’aller dans cette classe !
T’as raison, j’étais triste.
-Tu as parlé de ta tristesse avec qui..
Non, avec personne.
-Tu n’en as parlé non plus avec ce groupe de copines proches?
Celles qui ont eu des notes aussi basse que les miennes
se sont mises à pleurer.
-Et toi ?
J’ai rien dit.
Toutes les autres les ont consolées.
Et moi comme je dis rien, je suis restée seule…
-Et sans consolation lui dis je…
Elle relève la tête, me regarde…
Je sais pas dire les choses.
J’ai peur de me tromper, la honte.
Surtout qu’après je me rends compte, en cours,
que je connaissais la réponse.
A.M.
Jeune fille de 16 ans qui (me)racontait son état.
B.G.
Comment dire, empêcher de faire-taire-l’être.
Mais est ce vraiment une question de choix…
Bien sur que non!
L’habitude du comment/taire autorise déjà à ne pas dire…
Le comment/faire devient alors une épreuve.
Comment découvrir l’enjeu, s’attaquer au dénouement, apercevoir, accéder à une
issue ? …
Comment découvrir, démêler ce qui empêche.
Solitude, peur, honte, incapacité à dire, écouter, le doute, l’absence de confiance en
soi…. se protéger.
Quel espace laisser libre en nous pour accueillir cette détresse,
avec humilité,
hors des injonctions éducatives, idéologiques des sachants que nous croyons, ou
pire pensons quelques fois être ! …
Etre est une épreuve, un travail.
Comment réveiller doucement «l’enfant qui me dort dedans» chante aussi
doucement Renault Papillon Paverel…
B.G.
« Pour une minute de vie
brève,
unique,
aux yeux ouverts
Pour une minute à voir
dans le cerveau
de petites fleurs
dansant comme des mots
dans la bouche d’un
muet… »
(?……mais poète!)