Actualités de l'institut d'anthropologie clinique

Serge Escots - 24 avril 2017

Protection de l’enfance : 2016, un an déjà.

Un  rapport de consensus sur les besoins fondamentaux de l’enfant vient d’être publié.

Il y a un an était promulguée la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant. Difficile d’en évaluer l’impact sur le terrain aujourd’hui. Il est encore trop tôt pour mesurer les changements concrets dans les pratiques. Il faut du temps pour que les pratiques changent. Nous sommes probablement nombreux à avoir en tête la manière dont certains conseils départementaux ont tardé à mettre en œuvre les mesures envisagées par la loi de 2007. Souhaitons que, cette fois-ci, les changements soient moins longs à mettre en place.

À sa façon, la loi de 2016 introduit la volonté d’un changement de paradigme qui se repère dans le nouveau sigle de son observatoire. L’Observatoire national de l’enfance en danger (ONED) est devenu Observatoire national de la protection de l’enfance. La focalisation de l’action se déplace du danger à la protection : pour le dire autrement on passe du « quoi » au « comment ». Mais elle se déplace aussi de la protection de l’Enfance avec un grand E à la « protection de l’enfant », plus concrète, moins lyrique, mais certainement plus pensable. Il n’est jamais facile de protéger l’Enfance lorsque l’on est aux prises avec la situation de l’enfant réel et de sa famille.

Car c’est bien le problème : comment apprécier la situation de l’enfant et de sa famille pour favoriser sa protection ?

L’emphase de l’Enfance insaisissable et l’imaginaire toxique que convoque la symbolique du danger plongent les professionnels dans l’ambivalence et le passionnel, avec pour conséquences des enfants qui ne sont pas protégés et des enfants dans le dispositif qui n’ont peut-être rien à y faire. En plus de ces deux problèmes conceptuels, la loi de 2016 entend répondre à un autre écueil des approches précédentes : la notion d’intérêt de l’enfant. Tant de fois rebattue et critiquée, cette notion, tout aussi vague qu’inconsistante, du fait même que cet intérêt ne peut s’énoncer qu’à partir du point de vue de celui ou celle qui l’énonce, dont il serait douteux de penser que d’intérêts propres il ou elle en soit dépourvu-e. En proposant de partir de l’enfant et de ses besoins, la loi enlève une sérieuse épine du pied de ceux et celles qui doivent à différents niveaux penser, organiser et intervenir dans le champ de la protection de l’enfant.

Évidemment, tous ces efforts conceptuels resteront vains s’ils ne s’inscrivent pas dans les pratiques. Chacun-e pourra toujours reporter leurs interminables discussions à propos de l’intérêt de l’enfant sur ces besoins, si ils ou elles ne s’approprient pas une réflexion pour les penser et des méthodes et des outils pour les évaluer. Un rapport de consensus sur les besoins fondamentaux de l’enfant rendu public le 28 février 2017 propose de poser de sérieux jalons en ce sens. Saluons l’initiative, reconnaissons le travail accompli et croisons les doigts pour qu’une large diffusion favorise de nouvelles inspirations pour les pratiques.

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