Serge Escots - 21 février 2025
Ambiance : Point de jonction entre le monde intérieur déterminé par l’humeur et l’entour sémiotique de la personne, où l’humeur médiatise la perception de l’entour qui l’influence en retour. Humeur et entour sémiotique sont ensemble les cocréateurs de l’ambiance.
Quoi de plus insaisissable que ce mot, et pourtant, si important pour l’anthropologie clinique. Point de jonction entre le monde intérieur déterminé par l’humeur et l’entour sémiotique de la personne. L’humeur médiatise la perception de l’entour qui l’influence en retour. Humeur et entour sémiotique sont ensemble les cocréateurs de l’ambiance.
L’ambiance se distingue par sa dimension existentielle fondamentale, de l’atmosphère qui concerne l’environnement immédiat. À la croisée de la philosophie, de la psychologie et de l’esthétique, le concept d’ambiance est intimement lié à celui de Stimmung dans la pensée allemande. Pour Jacques Schotte l’ambiance est conçue comme un élément fondamental de l’expérience humaine, en lien avec la Stimmung (disposition affective) et au mood (humeur). L’anthropopsychiatrie de Schotte, au fondement de l’anthropologie clinique, repose sur une lecture pulsionnelle de l’humain envisagé à la fois comme anthropologique et psychopathologique. Cette lecture doit beaucoup au psychiatre et psychanalyste Leopold Szondi qui a formalisé le système des pulsions. Bien que Szondi n’utilise pas explicitement le concept d’ambiance, sa théorie pulsionnelle identifie le vecteur pulsionnel du contact qui permet de penser comment les individus interagissent avec leur environnement et peuvent influencer ou percevoir l’ambiance qui les entoure. Élève de Schotte, Étienne Dessoy, professeur de psychologie et systémicien est peut-être celui qui a le plus développé à partir de Szondi et de Bateson, l’ambiance comme un des trois niveaux fondamentaux de l’organisation du milieu humain (l’entour sémiotique) avec l’éthique et les croyances. L’ambiance est conceptualisée, ici, comme un cycle continu traversant quatre régions : la tendance unitaire (convivialité, proximité, fusion) ; la tendance vers le désaccordement ; la tendance d’écart (rupture, froideur) ; la tendance vers le réaccordement.
L’ambiance est un outil thérapeutique, tant dans les soins individuel, la thérapie familiale que dans le cadre de la psychothérapie institutionnelle.