Épisode 1 : Le cerveau a-t-il un sexe ?

Mais au fait, c’est quoi l’anthropologie clinique ? L’anthropologie clinique est un projet, un cadre épistémologique, une démarche, en élaboration. Ses fondements et justifications théoriques sont publiés en deux parties dans la revue Psychiatrie, sciences humaines, neurosciences (PSN). Mais en attendant de lire ces deux articles, rien ne nous empêche de prendre les chemins de traverse pour commencer à y comprendre un peu quelque chose.

La balade proposée aujourd’hui commence par cette vidéo de Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de l’Institut Pasteur. Non, ne partez pas en courant, ça ne dure que 12 minutes et c’est tout à fait compréhensible par chacun-e.

Allez, avouons, c’est réjouissant d’être enfin assuré-e que les différences biologiques entre hommes et femmes ne nous déterminent pas totalement. Nous ne sommes donc pas assigné-es à être comme ci ou comme ça, sous prétexte que nous sommes né-es avec un robinet ou une crêpe fendue entre les jambes !

Oui, Catherine Vidal est jubilatoire, surtout pour les féministes. Mais pour dire la vérité, elle est parfois contestée par certains de ses collègues qui l’accusent ici ou de soutenir une thèse socioconstructiviste radicale et de faire fi de certaines données scientifiques.

Néanmoins, pour avoir lu ces critiques, tous s’accordent avec Catherine Vidal à considérer que ce que nous sommes et ce que nous faisons dépend de l’intrication :

  • de notre capital biologique et hormonal ;
  • de notre condition anthropologique ;
  • de l’éducation que l’on reçoit ;
  • de notre vécu individuel.

Tous ces paramètres sont autant d’influences sur notre cortex qui se construit et se modifie en fonction.

Quel rapport avec l’anthropologie clinique, me direz-vous ? Et bien justement nous y voilà : Si ce que nous sommes est le produit de l’interaction entre des dimensions neurobiologiques, psychologiques, anthropologiques et sociologiques, penser l’humain, sans saucissonnage, nous conduit donc a envisager ensemble toutes ces dimensions. La gageure étant de ne pas cuisiner un gloubiboulga indigeste en amalgamant des données éparses et en piochant au gré de l’humeur dans des méthodes inconciliables.

Et c’est là ce que propose l’anthropologie clinique : un cadre scientifique qui permet d’articuler rigoureusement et avec cohérence sciences de la nature et sciences de la culture, pour appréhender les phénomènes humains.

Voyez, c’est simple l’anthropologie clinique ! Alors à bientôt de se retrouver pour une prochaine balade.

Lola Devolder